Dimanche dernier, je me suis rendue au Musée des Migrations où se tient en ce moment une exposition sur le thème de l’entrepreneuriat immigré bruxellois. Comme triste entrée en matière, je suis passée par le Canal, en face du petit château, là où dorment, dans des campements de fortune, des centaines de demandeurs d’asile qui attendent de trouver refuge en Belgique.
Ce dimanche là, Albert Aniel présentait son travail de recherche sur les entrepreneurs juifs immigrés du Triangle. J’ai connu intimement ce quartier puisque c’est celui de mes grands-parents et de mon père. Après avoir survécu à la guerre, mes grands-parents se sont installés dans un immeuble de logement social situé à Cureghem (Square Albert 1er). Dans les années 60, mon père a installé son atelier de maroquinerie dans une rue perpendiculaire à la synagogue rue de la clinique, notre synagogue. Plus tard, dans les années 80, après avoir fait les marchés, il ouvrit son commerce de gros « Manhattan » dans le quartier du Triangle (l’équivalent du Sentier à Paris).
Mon enfance s’est déroulée en grande partie dans cet espace, entre chez mes grands-parents, l’atelier de maroquinerie de mes parents, la synagogue de la rue de la Clinique, l’école juive Maïmonide (devenu depuis un collège jésuites) et « Manhattan ». Ecouter Albert Aniel fut un vrai plaisir. Grâce à son travail de recueil de témoignages il dresse le portrait d’une population immigrée juive avant et après la shoah. Plus que retracer leur histoire imbriquée dans la grande histoire, il parvient à convoquer des souvenirs enfouis chez qui a vécu le quartier de l’intérieur. Et le plus émouvant pour moi qui me considère comme une zinneke yid, ce sont les similitudes qu’il évoque tout au long de son intervention entre les migrants d’hier et ceux d’aujourd’hui.
Pour aller plus loin:
- Je vous conseille d’aller faire un tour du côté du savoureux blog d’Albert Aniel