Hier soir, j’ai eu la chance d’assister à la projection de No Other Land, un film bouleversant réalisé par Yuval Abraham et Basel Adra, dans le cadre du Festival du Cinéma Méditerranéen de Bruxelles (Cinemamed). Ce documentaire m’a profondément marqué, autant par la puissance de son propos que par la sensibilité de son approche.
Le synopsis : Depuis plus de cinq ans, Basel Adra, un activiste palestinien en Cisjordanie, filme sans relâche l’expulsion de sa communauté par l’occupation israélienne. À travers sa caméra, il documente les destructions de villages, les expropriations, les drames humains. En chemin, il croise Yuval, un journaliste israélien, qui décide de l’accompagner dans cette lutte. De cette collaboration naît une amitié inattendue, qui transcende les divisions et les violences qui les entourent. Ce film, fruit du travail d’un collectif palestino-israélien de jeunes militants, est plus qu’un documentaire : c’est un acte de résistance.
Je ne suis pas sortie indemne de cette projection. Tout au long du film, j’ai été plongée dans le quotidien de ces habitants d’un village montagneux de Cisjordanie, accrochés désespérément à leur terre natale. Face à eux, l’armée israélienne et les colons, dont les actions semblent intimement liées, font preuve d’une violence insoutenable. À travers la caméra de Basel, j’ai assisté à des scènes déchirantes : des maisons détruites, des écoles démolies, des vies brisées, des assassinats. Chaque image semblait plus sombre et désespérante que la précédente.
Et pourtant, au milieu de cette noirceur, une lumière inattendue : la relation qui se noue entre Basel et Yuval. Cette amitié est la seule lueur d’espoir dans un contexte écrasant. Ce qui m’a particulièrement interpellée, c’est le rôle de la langue arabe dans leur lien. J’ai été fascinée par la manière dont cette langue sert de passerelle entre eux, un moyen de se comprendre et de se rapprocher malgré toutes les barrières.
Cela m’a amenée à me poser une question : que se serait-il passé si Israël avait valorisé l’arabe dès le début, en en faisant une véritable langue nationale, à égalité avec l’hébreu ? Cela aurait eu tant de sens, surtout quand on sait que de nombreux.ses juifs.ves israélien.ne.s sont originaires de pays arabes et ont grandi en parlant cette langue. Peut-être que cela aurait permis de réduire les incompréhensions, de faciliter le dialogue, et, qui sait, d’éviter certaines des tragédies que ce film met en lumière.
No Other Land n’est pas qu’un film : c’est une claque, un appel urgent à la justice, et une preuve que, même dans les moments les plus sombres, des ponts peuvent être construits.