Sharon de Bruxelles

Etrangère de souche

Etrangère de souche

Cela fait longtemps que je suis confrontée au regard intrigué de l’autre alors que je ne suis ni bronzée ni bouclée. Physiquement, je passe pour le commun des mortels tout au plus pour une européenne d’origine espagnole ou italienne, jamais vraiment pour une belge. Si j’ai rarement été confrontée au délit de faciès (même si j’avoue ne jamais avoir essayé non plus d’entrer au Cercle de Lorraine), en revanche, j’ai un nom qui en dit long sur mes origines et il m’est souvent arrivé de devoir me justifier par rapport à la politique d’un Etat dans lequel je n’habite pas et cela même lors d’entretiens d’embauche. A noter que j’ai aussi eu droit, grâce à mon nom de famille polonais, à des propos racistes visant les polonaises.

Mon étrangeté vis-à-vis des autres, je ne l’ai comprise que vers 15 ans. C’est lors de mon passage (en secondaire) de l’école juive à l’école communale que je fut confrontée pour la première fois à des enfants non-juifs. Comme j’ai eu un parcours scolaire mouvementé, je me suis retrouvée dans des sections faibles composées quasi exclusivement de doubleurs et d’élèves issus de l’immigration marocaine, turque mais aussi portugaise, espagnole et italienne. Peu de « belgo-belges » en fait. Dans l’école où j’ai terminé ma scolarité, nous étions à tous casser 5 ou 6 juifs sur toute l’école et dans ma classe, j’étais systématiquement la seule juive.
Dans ce contexte, il m’est arrivé d’être confrontée aux préjugés des autres qui allaient de regards intrigués à certains propos que l’on qualifierait facilement dans le contexte actuel de dérapages antisémites. Ce qualificatif n’avait alors pas lieu d’être à l’époque où je l’ai vécu mais le contexte (de résolution du conflit israélo-palestinien notamment) du début des années 90’ était bien différent. Dès lors, loin de moi l’idée de généraliser à partir de mon cas personnel mais c’est pour moi ici l’occasion de poser les bases d’une réflexion à partir d’un récit incarné, le mien.

Je me souviens bien par exemple de tel garçon d’origine turque qui m’a dit sans savoir que j’étais juive ne pas être raciste sauf à l’égard des juifs ou de tel autre qui se moquait de l’accoutrement des juifs orthodoxes pensant que tous les juifs étaient ainsi vêtu. Ce n’était pas simple mais je me suis structurée avec cette différence et j’ai appris à me défendre contre des propos relevant avant tout de l’ignorance.
A la même époque, j’ai également découvert que j’avais un nom exotique. J’ai du apprendre à répondre aux interrogations des autres sur ce prénom israélien et ce nom de famille polonais. Paradoxalement mes parents ne se vivaient pas comme étant issus de l’immigration. Pour pouvoir répondre (ou pas) aux questions des autres sur mes origines, il a fallu que je réalise une quête identitaire. Savoir qui j’étais réellement et quelles étaient mes racines.

Ce dont je me souviens également quand je me (re)met dans ce contexte de changement, ce sont mes propres préjugés vis-à-vis des autres et notamment vis-à-vis des arabo-musulmans. Ceux-ci m’avaient été inculqués par mon environnement familial (en Belgique ou en Israël) et social (à l’école, dans les institutions juives…). Par exemple, l’école juive que je fréquentais en primaire était située à Cureghem dans un quartier vécu comme « dangereux » ce qui générait des sentiments de défiance vis-à-vis de la population locale.

La prise de conscience de ces préjugés m’ont permis de ne pas appréhender d’emblée les propos négatifs sur les juifs comme un antisémitisme profondément ancré dans la conscience de mes congénères mais bien comme quelque chose qui existait dans tous les milieux et dans toutes les familles y compris la mienne.
Loin de correspondre aux clichés associant tous les juifs à la bourgeoisie ou à l’intelligentsia, ne venant pas d’un milieu social spécialement favorisé ni sur le plan culturel ni sur le plan économique, mon éducation – mon capital culturel – était assez similaire à celle de mes camarades de classe. Ce que j’ai pu observé alors, c’est qu’à force de se fréquenter quotidiennement s’est développée une complicité et ces préjugés liés à nos identités respectives furent rapidement relégués au second plan voire aux oubliettes.

Mais j’ai aussi compris que j’allais toujours être considérée a priori dans le regard de l’autre comme une étrangère. J’ai donc développé une sensibilité toute particulière à la stigmatisation dont font l’objet ceux qui sortent du lot pour une raison ou une autre que ce soit les noirs, les arabes, les homosexuels ou les marginaux de tous poils… Et de là aussi s’est développée l’idée que ce combat était universel.

Décoloniser nos propres identités

Décoloniser nos propres identités

Je ne peux vous parler d’Eléonore sans vous parler de Facebook parce que c’est précisément grâce à ce réseau social que je l’ai rencontrée. Et ça prouve, une fois de plus, n’en déplaise aux grincheux, que les réseaux sociaux sont souvent à l’origine de belles rencontres. C’est en 2014, en pleine offensive israélienne sur Gaza, l’œil rivé sur l’espoir que représente la minorité d’activistes de la gauche israélienne, que j’ai découvert Eléonore. Depuis lors, charmée par son franc parler, son humour et ses identités (et talents) multiples, je suis ses « aventures » et celles d’Eitan Bronstein Aparicio , son mari : de Zochrot[1], l’association fondée par Eitan jusqu’à leur nouveau bébé, De-Colonizer[2]. En décembre dernier, alors qu’ils étaient en tournée en France pour présenter leur travail m’est venue l’envie de partager cette découverte avec le plus grand nombre. Il fallait les faire venir à Bruxelles. On y est presque ! Ils viennent en novembre à l’UPJB et je vous invite à ne pas manquer cette rencontre ! En attendant, je vous propose de faire plus ample connaissance avec Eléonore grâce aux extraits de l’entretien qu’elle m’a accordé en juin dernier à Tel-Aviv.

« Ce conflit c’est mon histoire »

Française et anthropologue, Eléonore a dédié une grande partie de sa carrière universitaire à l’étude de la société israélienne contemporaine dont sa thèse réalisée sur la minorité Tcherkesses d’Israël[3]. Fille d’une mère juive et d’un père musulman, ses activités de chercheuse-activiste témoignent d’un attachement à ses identités plurielles : « Chez moi à table le conflit était toujours là, ce conflit c’est mon histoire… Aucun de mes parents n’a renié son identité, mon père continue à fêter l’Aïd. Du côté de ma mère, on ne faisait pas shabbat ou les autres fêtes juives mais on allait aux bar-mitsvots de nos cousins. On n’a jamais été complètement coupés de ces identités culturelles. »

Résidant en Israël depuis maintenant quatre ans, Eléonore n’a pas fait son « alyah »[4] pour autant: « Moi, je n’ai jamais eu de projet d’alyah, je suis venue m’installer ici uniquement parce qu’Eitan est Israélien et qu’il était hors de question pour lui de vivre loin de ses enfants (…) Je ne fais pas mon alyah parce que je considère qu’il est injuste que l’on m’octroie des droits simplement parce que ma mère est juive alors que je suis née en France. Je trouve que c’est une situation d’injustice folle de me donner des droits à moi et pas à des gens qui sont nés ici parce qu’ils sont palestiniens ou parce qu’ils ne sont pas juifs de façon générale. Je suis ici en tant que résidente, je suis mariée à un israélien mais je ne suis pas israélienne. Pour moi ça fait sens de ne pas utiliser des droits qu’on me donnerait. C’est un geste politique. »

Sa vision idéale d’Israël-Palestine : « Un état binational pour tous ses citoyens avec une égalité de droits réelle pour tous, quelle que soit l’origine, la religion, l’ethnie, l’orientation de genre. L’espace géographique idéal dans lequel j’aimerais habiter c’est un endroit où le droit du retour aux réfugiés palestiniens serait un pilier principal. Je pense que l’injustice majeure, c’est que la Nakbah de 1948 est un « growing process », quelque chose qui continue jusqu’à maintenant sous toutes sortes de formes. Une de ses formes les plus extrêmes, c’est l’expulsion de 750.000 Palestiniens qui ne sont encore, jusqu’à aujourd’hui, pas autorisés à revenir sur leur terre d’origine. Et moi, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde ici. C’est une question de volonté politique. J‘ai hâte de voir le retour des réfugiés et de fêter ça avec eux ici. »

« Décoloniser nos propres identités »

Eléonore (et Eitan) travaille à la décolonisation de leur propre identité : « Décoloniser une identité sioniste ici c’est aussi apprendre à produire un discours éducatif pour des enfants qui est, parfois, à l’extrême opposé de ce qu’ils apprennent à l’école. C’est une lutte du quotidien de décoloniser nos propres identités… On cherche à décoloniser notre vie ici pour pouvoir penser, dans le futur, à une autre forme de vie. Pour accepter le droit au retour des réfugiés (et une égalité réelle), il faut renoncer à ses privilèges en tant que juif israélien, ça veut dire que tu renonces aussi à cette suprématie d’être sioniste et donc d’être protégé par un gouvernement sioniste. Nous on milite pour montrer qu’il y a d’autres façons d’être juif et d’autres façons d’être israélien en dehors du sionisme »

« On ne naît pas tous activistes »

La prise de conscience politique d’Eitan est emblématique à cet égard, lui qui a grandi dans un kibboutz. Elle donne de l’espoir et du sens au combat mené par ce couple qui déploie une énergie considérable au développement d’outils pédagogiques visant à déconstruire les mythes de l’identité israélienne. Eitan est aussi le fondateur de Zochrot[5], une association qui s’est donné pour objectif de sensibiliser le public israélien à la « Nakbah », la catastrophe vécue en 1948 par les Palestiniens au moment de la création de l’état d’Israël. Quand Eitan a créé Zochrot, le mot Nakba n’existait pas en hébreu, il n’y avait rien là-dessus. Quinze ans après, tout le monde sait plus ou moins ce que ça veut dire: « L’histoire d’Eitan me donne de l’espoir, on ne naît pas tous activistes, ce sont des parcours de vie, ça veut dire qu’on peut changer. La plupart des militants sont des gens qui ont été élevés dans des milieux sionistes plutôt à gauche et qui ne voyaient pas vraiment de contradictions entre être sioniste et être à gauche. C’est venu après en fait ces dilemmes. Parce qu’il y a tout une partie du sionisme qui a des valeurs socialistes, d’égalité. Ce n’est pas un vain mot pour beaucoup de gens. »

Pour atteindre leur objectif – sortir du narratif officiel en mettant la question des réfugiés palestiniens au cœur de la société israélienne – ils ont réalisé une cartographie méticuleuse de la Nakba (Nakba map[6]). Cette carte rédigée en hébreu permet de localiser pas moins de 600 villages palestiniens disparus depuis 1948. Un autre exemple de leur travail est à visionner sur you tube[7]. Il s’agit d’un documentaire de type « micro-trottoir » dans lequel ils montrent l’ignorance ou le déni de l’histoire et du vécu palestinien chez les juifs israéliens en posant une question simple : « à votre avis, c’est quoi la Nakbah ?».

« En 2015, je sais ce qui se fait au nom du sionisme et ça me suffit pour savoir que ça ne me représente pas »

Eléonore se définit comme juive antisioniste: « Etre juive antisioniste, c’est une partie de mon identité. Le sionisme est une théorie politique. Bien qu’il y ait un spectre de positions de la gauche à la droite voire à l’extrême droite, pour moi le sionisme est une forme de racisme. En tant que juive, je ne pense pas que l’on appartient à un quelconque peuple élu. Le judaïsme dans lequel on m’a élevé est justement un judaïsme d’ouverture aux autres où on m’a appris à mesurer les qualités des gens quelles que soient leurs religions, la couleur de leur peau ou leur orientation sexuelle. »

Elle se garde de bien de poser des jugements moraux décontextualisés: « après si je ne suis pas sioniste en 2015, peut-être qu’en 1947-48 après la guerre, si j’avais été une jeune juive survivante, peut-être que j’aurais été sioniste, je serais venue me battre pour un état juif. Je ne sais pas, je ne peux pas juger de ça. Par contre en 2015, je sais ce qui se fait au nom du sionisme et ça me suffit pour savoir que ça ne me représente pas. »

Mais sa position ne l’empêche pas d’être consciente de ce qui se fait aujourd’hui au nom de l’antisionisme et d’accorder de l’importance dans son travail à expliciter la différence entre antisémitisme et antisionisme: « éduquer à la différence entre antisémitisme et antisionisme, c’est pour moi un enjeu politique, rhétorique et humain très fort parce que quand toutes les critiques d’Israël sont cataloguées comme antisémites, ça musèle les gens. Pour moi Dieudonné est un ennemi de la cause palestinienne, il peut se draper des vêtements de l’antisionisme mais nous, on n’est pas dupes. Après, je sais pour avoir enseigné pendant dix ans au collège l’attraction qu’il peut y avoir pour Dieudonné notamment dans les quartiers populaires… »

On l’aura compris, l’activisme d’Eléonore (et d’Eitan) ne leur attire pas que des sympathies. Leur discours dérange et il leur arrive parfois de recevoir des menaces de mort[8].

Mais Eléonore est bien loin de la juive honteuse (self-hating jew), une étiquette que d’aucuns auraient envie de lui coller, elle qui a passé une partie de sa vie à explorer les méandres de son identité juive: « Moi, je ne suis pas du tout ce qu’on appelle une self-hating jew. J’aime bien ma judéité ! C’est justement aussi mon identité de juive – je suis issue d’une famille de résistants, une famille qui a été déportée – qui me donne la force de lutter contre les injustices et les inégalités. Parce que quand on a nous-mêmes subi des discriminations, du racisme ordinaire, je trouve que c’est un devoir moral de se battre contre les injustices et l’injustice première qui est faite ici, c’est celle qui est faite au peuple palestinien. ».

Octobre 2015

[1] Plus d’informations sur le site web de Zochrot : http://www.zochrot.org/en
[2] Plus d’informations sur le site web de De-Colonizer : http://www.de-colonizer.org/
[3] 
Eleonore Merza, « Les Tcherkesses d’Israël : des « Arabes pas arabes » », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 23 | 2012, mis en ligne le 20 janvier 2013. URL : http:// bcrfj.revues.org/6850
[4] Alyah en hébreu signifie littéralement « ascension », montée vers Israël
[5] Zochrot, qui signifie se souvenir en hébreu
[6] Voir la carte détaillée sur le site de De-Colonizer: http://www.de-colonizer.org/#!carte-de-la-nakba/c1yhw
[7] A voir sur You Tube « Mais alors, la Nakba c’est…? »: https://youtu.be/QpMiSt9CPjw
[8] Le courrier de l’Atlas, « Deux militants juifs antisionistes menacés de mort », 1/06/15
http://www.lecourrierdelatlas.com/945901062015Deux-militants-juifs-antisionistes-

Dancing in Jaffa

Dancing in Jaffa

Le week-end dernier, j’ai (enfin!) vu Dancing in Jaffa de Hilla Medalia.

Le pitch: c’est l’histoire (vraie) d’un homme, Pierre Dulaine né à Jaffa en 1944. Après une carrière internationale de danse de salon accomplie à l’étranger, Pierre retourne à Jaffa pour réaliser son rêve : faire danser ensemble des enfants juifs et palestiniens pour rapprocher les communautés.

Le film contient peu de dialogue. Le contexte se suffit à lui-même. Danser avec un petit garçon ou petite fille d’une autre école signifie ici danser avec l’ennemi. La mission que s’est imposée Pierre Dulaine est délicate. Il doit convaincre et lutter contre les réticences des parents. Il doit aussi s’accrocher face aux réactions de ces enfants qui n’ont pas l’habitude de danser en couple et encore moins avec leur “voisin d’en face”. Le film est subtil. Il montre une réalité complexe. Les personnages (et leurs trajectoires) y tiennent la vedette. La danse est l’occasion de confronter deux êtres mais aussi deux univers culturels. Dulaine intègre dans son projet des enfants d’écoles de Jaffa: deux écoles juives, deux écoles arabo-palestiniennes et une école mixte avec des enfants juifs et palestiniens.

Jaffa est MA ville d’adoption en Israël. Elle était suffisamment proche de Rishon Letzion – ville de ma famille en Israël – pour que je puisse m’y aventurer seule. A la place d’aller à la plage avec mes cousines, je prenais le car depuis Rishon. Direction, “shouk hapishpoushim” (marché aux puces). J’y passais des heures. C’était la fin des années 80′, il y a plus ou moins vingt ans. Cette ville me fascinait. Il y régnait une atmosphère très particulière fort différente des villes nouvelles que je connaissais (Rishon Letsion, Batyam, Ashdod, Rehovot). On y entendait des muezzins, le port était très animé et on pouvait y déguster de délicieuses grillades de poissons fraîchement récoltés par les nombreux pêcheurs arabes. Jaffa était alors une ville arabe désertée par ceux parmi les juifs qui avaient les moyens de s’installer dans des villes plus “nouvelles” et mieux entretenues. Pour moi c’était attirant et dépaysant à la fois. Cette ville m’a certainement aidée à déconstruire ce qu’on m’avait appris depuis ma tendre enfance, cette fausse idée du sionisme résumée dans la maxime suivante: “un peuple sans terre pour une terre sans peuple“. Sans me le formuler aussi clairement à l’époque, je pris conscience qu’il y avait bien un autre peuple en Palestine. Jaffa en offrait un témoignage vivant et poignant.

Dans le film Dancing in Jaffa, quelques scènes permettent de saisir ce qu’est devenue la ville au fil du temps. C’est tout d’abord l’occasion pour Pierre Dulaine de retrouver la maison de son enfance, celle d’où il fut chassé à quatre ans avec ses parents en 1948, je ne vous raconte pas l’accueil que lui réserve le nouveau propriétaire des lieux, allez voir le film! Une autre scène du film met en images une manifestation de juifs israéliens (de droite) qui défilent dans les rues de Jaffa en scandant “Jaffa est juive, Jaffa est à nous“. Leur objectif est ni plus ni moins de judaïser la ville. D’autres villes mixtes en Israël comme Haïfa et Jérusalem subissent le même sort.

C’est sans complexe que ces changements sont décrits positivement par les promoteurs immobiliers qui encouragent à investir à Jaffa: “certains des habitants, juifs pour la plupart, ont bénéficié de politiques gouvernementales, comme un coup de pouce dans le développement immobilier visant à transformer l’image de la ville de ghetto en une banlieue culturellement relancée et branchée (…) Cette gentrification rapide de Jaffa n’est pas sans controverse. Environ un tiers des 60. 000 habitants de Jaffa sont arabes, et beaucoup d’entre eux estiment qu’ils sont écrasés, en quelque sorte, dans la nouvelle revitalisation”.

Et de fait, j’y suis retournée en avril dernier et j’ai été choquée de constater à quel point une ville peut être vidée de son essence. Jaffa ne ressemble plus du tout à la ville mixte que j’ai connu et tend de plus en plus à ressembler à Tel-Aviv. Le phénomène de gentrification/judaïsation qui est à l’oeuvre de manière insidieuse depuis un bon bout de temps à littéralement transformé le port, le marché, les rues bref la ville de Jaffa. Ainsi en négligeant ses rues, ses immeubles et ses plages, Jaffa était fin prête à recevoir “un coup de pouce des pouvoirs publiques” – une bonne revitalisation urbaine la vidant du même coup d’une bonne partie de ses habitants originels…

Militer contre son « clan » à l’ère des réseaux sociaux

Militer contre son « clan » à l’ère des réseaux sociaux

« Tout édifice bâti sur l’insensibilité à la souffrance d’autrui est appelé à s’effondrer avec fracas. Attention à vous : vous dansez sur un toit reposant sur des piliers qui chancellent » Avraham Burg (1)

Facebook l’UPJB et moi

Mon terrain de prédilection pour suivre l’actualité est sans aucun doute internet (quotidiens en ligne, vidéo, blogs spécialisés etc.) et les réseaux sociaux. L’intérêt principal de Facebook est d’accéder à l’actualité mais surtout à son interprétation par son réseau d’amis virtuels. Ma présence accrue sur ce média s’explique également par mon activité de community manager sur la page Facebook de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique.

Cet été, j’ai donc suivi de près l’actualité du Moyen-Orient et relayé le point de vue et les actions de l’UPJB sur ce média social. La guerre et son corollaire de propagande ne sont pas propices au débat d’idées et je commence à me familiariser avec les réactions que peuvent susciter les publications de l’UPJB sur les réseaux sociaux mais j’étais encore loin d’imaginer que cela pouvait donner lieu à autant de haine.

Vers le 10 juillet, suite à la publication d’un communiqué et de l’appel à manifester (2) pour soutenir les victimes palestiniennes aux côtés d’une cinquantaine d’associations de gauche, de nombreuses personnes ont salué la présence annoncée d’une association juive au rassemblement de solidarité : « Vous êtes une voix de paix et de solidarité dans ce tsunami de haine aveugle! », « Merci de prendre position, vous faites partie des Justes »…

A côté de ces nombreuses marques de soutien, la page Facebook de l’UPJB fut inondée de commentaires injurieux, parfois d’une violence extrême. Malgré tout l’intérêt que je porte à ce média, en général, je m’abstiens de participer aux échanges dans les fils de discussions. Je privilégie d’autres lieux pour débattre que cet espace virtuel étriqué source de tant de malentendus, trop souvent utilisé comme faire-valoir et où l’on peut interagir sous couvert d’un pseudonyme. Et puis, c’est terriblement chronophage.

Mais une fois n’est pas coutume, cet été, en pleine guerre, alors que l’UPJB se faisait copieusement insulté pour sa participation aux manifestations, en guise de réponse à un commentaire désobligeant, j’ai voulu raconter sur le groupe Facebook de l’UPJB une anecdote que j’ai personnellement vécue ; je vous la livre ici : « En janvier 2009, j’étais en visite dans ma famille en Israël, en pleine opération « Plomb durci ». J’ai été horrifiée de ne rien entendre sur la guerre et les massacres qui se perpétraient à quelques kilomètres de Tel-Aviv. Les médias israéliens passaient en boucle les images des dégâts matériels occasionnés par les tirs de roquettes qui tombaient à proximité de Sderot au Sud d’Israël. Rien, absolument aucune compassion pour les milliers de morts palestiniens. Pour moi, ce silence a été d’une violence inouïe. J’ai été touchée et fière de voir que des Juifs à Bruxelles participaient à une manifestation qui dénonçait ces massacres. »

Suite à cette publication sur Facebook, un déferlement de haine s’est abattu sur ma petite personne. Des personnes que je ne connaissais pas et qui se disaient « juifs pro-israéliens » se sont mises à me harceler et à tenter par tous les moyens d’entrer en contact avec moi pour m’insulter. Des amis m’ont avertie qu’un « Sharon’s bashing» était en cours. Après des recherches fructueuses sur le réseau social, je suis finalement tombée sur ce fameux lynchage qui n’avait rien à envier à un appel au meurtre.

Un homme que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam mais dont le profil Facebook indiquait que c’était un juif belge ayant fait son alya publiait ceci : « Pour ceux qui sont amis avec une certaine Sharon Geczynski, sachez qu’elle organise un rassemblement ANTI-ISRAËL devant le ministère des Affaires étrangères. SACHEZ DONC AVEC QUI VOUS AVEZ AFFAIRE. ».

A la suite de cette publication, j’ai pu découvrir les commentaires injurieux échangés sur son Facebook et l’identité de ceux qui les proféraient: « cette pourriture fait partie de l’UPJB comme A., une autre vermine », « je déplore que des juifs honteux puisse aller manifester contre Israël », « qu’elle aille habiter à Gaza cette connasse », « c’est beau l’assimilation, pauvre Sharon, elle me fait pitié et me dégoûte », « ces juifs honteux sont pareils à ces assassins du Hamas », « ces sous-merdes ne sont plus juives »…

A la base de ces commentaires pour le moins agressifs, l’information diffusée à mon sujet était complètement fausse et diffamatoire, je n’ai bien évidemment jamais organisé toute seule dans mon coin une manifestation et encore moins une manifestation anti-Israël ! Ce genre d’attaques personnalisées peut avoir des conséquences destructrices sans parler d’un éventuel passage à l’acte. Le but visé est clairement de nuire à quelqu’un qui exprime une autre opinion que la majorité (de son « clan »).

Disposant de nombreuses captures d’écrans de cette publication ainsi que des commentaires qui ont suivi, j’ai décidé de les relayer sur mon profil personnel en disant ceci : « Voilà ce qui se passe quand des juifs de gauche dénoncent la politique israélienne à l’ère des réseaux sociaux. Rien de moins qu’une mise à mort communautaire pour faire peur et pour faire taire. ». Cela peut paraître paradoxal de médiatiser ces menaces mais j’étais tellement sidérée par ces déclarations de haine que j’ai souhaité montrer sur la place publique le prix à payer pour exprimer son point de vue et exercer son esprit critique en tant que juive, belgo-israélienne. Le nombre de réactions et de témoignages de sympathie que cela a suscité m’a donné raison.

Dissidence juive israélienne ou suicide social ?

Force est de constater que l’occupation des territoires palestiniens s’intensifie en Israël et que la perspective de voir deux Etats exister côte à côte semble bien compromise par la politique du fait accompli pratiquée par les gouvernements israéliens successifs. La population juive israélienne semble, dans son immense majorité, bien indifférente à ce qui se passe de l’autre côté du moment que sa sécurité et son confort de vie restent assurés, quand elle n’est pas ouvertement hostile aux Palestiniens. Dans son livre, Sylvain Cypel (3) développe l’état d’esprit dans lequel se trouve la société israélienne aujourd’hui où les emmurés ne sont pas ceux qu’on imagine : « Au-delà des aléas politiques, la construction du « mur de séparation » qu’Israël bâtit en Cisjordanie ne s’est jamais interrompue. Mais les emmurés ne sont pas seulement ceux qu’on croit et qu’on voit. En enfermant les Palestiniens derrière un mur, des miradors et un fossé barbelé, les Israéliens s’enferment eux-mêmes dans une impasse dramatique et plongent dans une crise mortifère ».

Dans le camp de la paix, parmi ceux qui tentent de se faire entendre, il y a les Refuzniks, ces juifs israéliens qui refusent de servir dans l’armée. Refuser de faire son service militaire (4) en Israël est un suicide social. Ceux qui optent pour cette voie deviennent des parias.

Mais cet été en pleine guerre, d’autres juifs israéliens – dont certaines célébrités – se sont risqué à exprimer leur colère et leur désapprobation en relation avec ce qui se passait à Gaza mais aussi par rapport à l’évolution de la société israélienne de plus en plus droitière et raciste. Des plus modérés comme la chanteuse Noa en passant par Shira Geffen (5) aux plus engagés comme Gideon Levy (6), tous se sont sentis menacés au point pour certains d’entre eux de ne plus se déplacer sans un garde du corps (7). Ce qui caractérise ces artistes, journalistes ou simples bloggueuses, c’est qu’ils ont pignon sur rue mais surtout qu’il est plus difficile de les discréditer en mettant en doute leur lien et leur attachement à Israël.

La « sortie du placard » de la chercheuse Nadia Ellis sur le média en ligne « Times of Israël » est assez emblématique. Son texte a été écrit le 2 juillet, quelques jours avant l’opération « Bordure protectrice », à une période où on apprenait par les médias que les trois jeunes colons enlevés avaient été assassinés : « Cela fait 48h que mon Facebook est inondé de messages populistes, racistes, haineux et violents. J’en ai marre. J’en ai marre de lire qu’il faut raser Gaza au sol, que ce sont tous des animaux. Marre de lire toute la panoplie de commentaires simplistes et victimaires, à commencer par l’omniprésente déclaration que nos trois adolescents ont été tués seulement parce que juifs. Non, bordel, non. Ils ont été tués parce qu’ils se sont retrouvés victimes innocentes, piégés dans un conflit long et complexe(…) Un conflit où nous, tout comme eux, nous pensons être les seuls êtres humains dignes de ce nom, alors que les autres, ce sont les « animaux » (…) Voilà c’est fait. C’est dit, et maintenant je suis prête à me faire traiter de sale gauchiste, de pacifiste utopique, d’ignorante qui n’a rien compris au conflit, et plus si affinité. C’est parce que j’ai eu peur de ce genre de commentaires que je n’ai pas osé m’exprimer sur Facebook jusque maintenant ».

De l’autre côté

Souvent, je me suis demandée pourquoi si peu de voix s’élevaient en Israël mais aussi dans les diasporas juives pour dénoncer tant d’injustices manifestes. Dans son livre « Militer contre son camp ? Des israéliens engagés aux côtés des Palestiniens», la sociologue Karine Lamarche apporte des éléments de réponse en éclairant les logiques qui président à l’entrée dans une carrière militante à risque et hautement stigmatisée. Elle explique comment ces militants israéliens en passant de « l’autre côté », deviennent des « étrangers à la collectivité (8)» dans une société qui les a vus grandir. Grâce à des entretiens, elle parvient à mettre en lumière la violence de ce basculement, à l’origine de véritables déchirements intérieurs par la force de la révélation que prend souvent la découverte de « cet autre monde », si proche et pourtant si lointain (9).

La force du déni (10) – fabriquer une image diabolique de l’Autre en dénaturant sa propre histoire – couplée à la condamnation morale de ceux qui critiquent Israël de l’intérieur débouchent sur une vision bien pessimiste de l’efficacité même de la contestation à changer le paysage politique israélien.

Si le conflit israélo-palestinien s’importe en Belgique, il s’importe aussi à l’intérieur même de ce que l’on a coutume d’appeler la communauté juive où des juifs critiques par rapport à la politique israélienne– à l’instar des (juifs) israéliens engagés aux côtés des Palestiniens – subissent le même type de condamnation morale si ce n’est que cet ostracisme se vit à l’intérieur du « clan » et ne les exclut pas de la société globale comme c’est le cas en Israël.


(1) Avraham Burg, ancien président de l’Agence juive, la plus haute instance du mouvement sioniste dans Yedioth Aharonot, trad. Fr., Le Monde, 11 septembre 2003 cité dans le livre de Sylvain Cypel « Les emmurés » p.15
(2) Appel à manifester à l’initiative d’une cinquantaine d’associations mobilisées pour l’occasion autour de la « Plateforme urgence Gaza »
(3) CYPEL Sylvain (2006), Les emmurés. La société israélienne dans l’impasse, Paris, la Découverte.
(4) Voir à ce propos l’excellent travail du photographe Martin Barzilai sur les refuzniks
(5) Réalisatrice et scénariste. Par ailleurs, épouse de l’écrivain Etgar Keret et sœur du chanteur Aviv Geffen.
(6) Journaliste du quotidien israélien de gauche Haaretz
(7) Gideon Levy raconte cet épisode dans un article publié le 19 juillet dans Haaretz.
(8) BECKER Howard (1985), Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Métailié.
(9) LAMARCHE Karine (2013), Militer contre son camp ? Des israéliens engagés aux côtés des Palestiniens, Paris, P.U.F.
(10) Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le sens du mot déni dont il est question ici lire Les emmurés de Sylvain Cypel.

Réflexions sur la géographie juive à Bruxelles

Réflexions sur la géographie juive à Bruxelles

Que sait-on des changements de localisation de la population juive bruxelloise et de leurs significations ?


On apprenait récemment dans les médias qu’une école juive bruxelloise voulait déménager pour augmenter sa fréquentation. L’école en question est l’Athénée Maïmonide située dans le quartier de Cureghem à Anderlecht. Elle serait confrontée, depuis plusieurs années, à une baisse de sa fréquentation qui menacerait sa survie financière. Les responsables imputent cette baisse de fréquentation à l’insécurité croissante du quartier. Selon eux, les parents seraient réticents à y inscrire leurs enfants car ils craignent pour leur sécurité. Maïmonide est situé Boulevard Poincaré à proximité de la Gare du Midi. Or, ce quartier a constitué pendant longtemps un des quartiers de prédilection des immigrants juifs.

Ce constat nous amène à nous poser des questions sur l’évolution la population juive bruxelloise. Quelle signification peut-on attribuer à ces changements de localisation ? Comment a évolué la présence juive dans la société belge ? Quels sont ses liens avec les autres immigrations plus récentes ? Que restent-ils du passé d’immigration de la population juive bruxelloise ? Vaste questionnement… Je vais tenter ici d’apporter des pistes de réflexion plutôt que des éléments de réponse.

Population juive dans les quartiers bruxellois

Il existe en fait peu de chiffres permettant d’identifier et de localiser la population juive bruxelloise. Loin de moi, l’idée de souhaiter un dénombrement ethnique, je ne connais malheureusement trop bien les dérives potentielles de ce type de statistique. En Belgique, toute distinction selon la religion, la race ou l’origine est interdite dans la Constitution. Malgré cela, un recensement des juifs de Bruxelles a bien été effectué, en son temps, par les administrations locales bruxelloises. C’est précisément, cette forme de collaboration administrative qui a conduit des milliers de juifs vers la mort qui vient d’être reconnue par le bourgmestre de la commune de Bruxelles-ville[1].

Ainsi, l’analyse réalisée dans le cadre des recherches historiques sur la collaboration de l’administration bruxelloise aux déportations de juifs ont aussi mis à jour, outre la confirmation de la collaboration des autorités locales, la perception de la population juive de l’époque chez les mandataires politiques. Il en ressort que ce qui le comportement attribué voire reproché à la population juive des quartiers populaires d’Anderlecht en 1940 ressemble, à peu de choses près, à ce ceux reprochés à la population issue de l’immigration turque ou marocaines qui réside aujourd’hui dans ces mêmes quartiers.

Un extrait issu d’une synthèse d’un débat au conseil communal bruxellois relatif à l’immigration dans la capitale critique le comportement des ces immigrants juifs : le manque de soins des enfants, le problème de l’abattage rituel ou encore la concurrence commerciale. Les critiques fusent : “Il semble que quelques vieilles firmes belges […] spécialisées dans le commerce de la maroquinerie, ont vu leurs affaires péricliter parce que de nombreux artisans juifs […] alimentent le marché à des prix beaucoup plus bas”; “Depuis que les Juifs polonais ont pris [le commerce de la fourrure] en main, on ne fait plus à Bruxelles que la petite fourrure bon marché et la forte concurrence ne nourrit personne”; “De nombreux cafetiers ont perdu leur clientèle habituelle parce que les Juifs venaient trop nombreux dans leurs établissements. On [leur] reproche de ne pas parler la langue du pays, de se cantonner dans certains quartiers de la commune (où ils forment un véritable ghetto) et de ne pas assez frayer avec la population non-juive[2]

On y apprend aussi des choses sur l’importance, la localisation et l’occupation de la population juive dans les communes bruxelloise dans l’entre-deux-guerres. Au début du 20ème siècle, la population juive bruxelloise est estimée à 10.000-12.000 personnes. Ce chiffre va fortement augmenter en quelques décennies pour arriver 65.000 et 70.000 personnes en 1940 dont seulement 4000 belges. Constituée de plus de 90% d’immigrés économiques ou politiques, leur réalité socio-économique était la même que celle des immigrés marocains et turcs des quarante dernières années.

En ce qui concerne leur localisation, les juifs se répartissent dans deux zones s’étendant autour des gares du Nord et du Midi. Ils sont concentrés dans certaines communes comme Bruxelles-Ville, Schaerbeek, Anderlecht et Saint-Gilles[3]. Ils se regroupent dans certains quartiers formant de véritables enclaves ethniquement connotées freinant leur intégration au sein de la société belge[4].Ils sont essentiellement occupés dans le secteur tertiaire ainsi que dans de petites entreprises commerciales et artisanales.

Evolution et localisation de la population juive actuelle

A leur arrivée à Bruxelles, comme d’autres immigrations récentes, la population juive a installé ses quartiers notamment à proximité de la gare du midi dans le quartier de Curegem. De nombreux juifs travaillaient alors dans le commerce de gros au Triangle, dans l’industrie du textile ou dans la maroquinerie. L‘école juive Maïmonide, mais aussi la synagogue rue de la Clinique, les traiteurs casher et d’autres services de proximité répondaient alors à la demande importante d’une population spécifique.
Cette diminution de la demande du public de Maïmonide évoque les changements de localisation de la population juive à Bruxelles. Ces changements de localisation traduisent l’ascension sociale des juifs bruxellois.
Peu de juifs résident encore dans les quartiers populaires où leurs parents avaient élus résidence à leur arrivée à Bruxelles. Les juifs n’occupent plus les mêmes emplois et sont aujourd’hui bien ancrée dans toutes les strates de leur société d’accueil. Tout porte à croire que la population juive a migré de la première à la deuxième couronne en privilégiant le Sud de Bruxelles, comportement similaire aux milieux aisés. Depuis une décennie, on observe une tendance dans la population juive à la périurbanisation. Il semblerait que les nouvelles générations s’installent dans la périphérie bruxelloise des deux Brabants (Rhodes Saint-Genèse, Waterloo, Rixensart…) reproduisant ainsi le comportement de la bourgeoisie belge.
Le constat de la diminution de la demande des parents pour l’école Maïmonide amène à se poser d’autres questions, a fortiori dans le cas d’une relocalisation qui nécessiterait de pouvoir évaluer la « demande juive » en matière d’écoles et l’opportunité d’y ouvrir une troisième école dans le Sud de Bruxelles : comment à évoluer la population juive au sein de la société belge notamment dans ses choix d’école ? Quelle est la proportion de la population juive qui inscrit son enfant dans une école juive ? Quelle est le taux de couverture des écoles juives existantes dans le Sud de Bruxelles par rapport à la demande ?
[1] Les fonctionnaires communaux de l’époque ont contribué, en réalisant un recensement des juifs, à aider l’occupant allemand à mener à bien sa politique antisémite.

[2] DELPLANCQ T. ; in Bruxelles et la question juive ; Des paroles et des actes – L’administration bruxelloise et le registre des Juifs, 1940-1941 , CHTP-BEG – n°12/2003. Propos recueillis lors d’une réunion entre le Foyer israélite et le collège échevinal anderlechtois,
[3] DELPLANCQ T. ; in Bruxelles et la question juive ; Des paroles et des actes – L’administration bruxelloise et le registre des Juifs, 1940-1941 , CHTP-BEG – n°12/2003
[4] TASCHEREAU S., PIETTE V. ET GUBIN E., les commerçants étrangers à Bruxelles dans les années trente, CHTP-BEG – n°9/2001[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]